Spinoza et Thomas Gordon (la méthode Gordon) (1)

Thomas Gordon (1918 – 2002) est un psychologue américain qui, au travers de sa méthode a proposé une alternative aux modes de communication basés sur un rapport de force et qui débouchent nécessairement sur une relation binaire de type gagnant/perdant. Ce rapport de force se retrouve dans les modes d’éducation autoritaires et permissifs dans lesquels s’enferment souvent parents et enfants ainsi qu’enseignants et élèves…

Nous avons affirmé l’universalité de l’Ethique et donc, en paraphrasant le célèbre vers de Térence, nous pourrions dire que « rien de ce qui est humain ne lui est étranger ». Cette universalité provient de sa capacité à déceler et dévoiler les mécanismes à l’œuvre sous la plupart des attitudes humaines, celles-ci étant déclenchées par l’une ou l’autre passion. Et l’on a vu que l’Ethique a étudié ces passions « comme s’il s’agissait de lignes et de plans ». Dès lors, en particulier, la méthode Gordon devrait pouvoir faire l’objet d’une analyse « spinoziste ».

Notre ambition, dans cet article et le suivant, est : 1°) de démonter les mécanismes  à l’œuvre sous les modes de communication basés sur un rapport de force et 2°) de montrer que la méthode Gordon est pleinement justifiée par les considérations spinozistes sur « les bonnes relations humaines », apportant ainsi une base philosophique et métaphysique à cette méthode. Nous espérons que l’on nous pardonnera cette dernière présomption. Nous tenons la méthode Gordon en très haute estime, mais, ainsi que nous l’avons signalé déjà à deux reprises, la psychologie, en général, pêche par manque de soubassements métaphysiques déclarés. Elle constate des effets et néglige les causes profondes. Par conséquent, elle ne peut proposer que des techniques et des méthodes censées remédier aux effets éventuellement néfastes constatés, sans qu’elles ne soient justifiées par une vision globale de l’humain, vision nécessairement métaphysique.

Et la méthode Gordon ne fait pas exception à cette lacune, comme cela transparaît au travers des articles qui l’exposent, comme par exemple (magazine « Non Violence Actualités », fin 2001) (nous soulignons) :

« Pionnier de la psychologie humaniste, Thomas Gordon constate que les personnes qui viennent  le consulter ne souffrent pas nécessairement  de problèmes psychologiques mais plutôt d’un manque de communication. Ils manifestent notamment un profond besoin d’être écoutés. Tout comme le thérapeute Carl Rogers (dont il fut l’élève), l’avait constaté avant lui, il note que l’écoute attentive et bienveillante qu’il porte à ses patients leur permet de modifier leur façon d’être et de communiquer. Ils parviennent alors à établir des relations plus harmonieuses avec leurs proches.
Fort de ce constat, Thomas Gordon va s’appuyer sur les savoir-faire qu’il utilise en consultation pour développer une méthode de communication destinées à aider les parents à résoudre eux-mêmes les conflits au sein de leur famille … »

Commençons par rappeler en quoi consiste la méthode Gordon.

Cette méthode est un processus de résolution de conflits sans perdant qui repose sur deux outils principaux, le « message-je » et l’écoute active.

Détaillons chacun des points soulignés en gras dans la dernière phrase (nous nous inspirons largement de la présentation proposée ici : http://www.delphinebardon.com/methode-gordon/thomas-gordon.html) :

La résolution de conflits sans perdant

La méthode de résolution de conflits sans perdant  offre une alternative aux méthodes plus couramment utilisées que sont

  • La méthode autoritaire
  • La méthode permissive

Exemple de situation conflictuelle entre un parent et son adolescent :

Matthieu, 13 ans, refuse de porter son blouson jaune pour se rendre au collège. Son père insiste pour qu’il le mette car il veut être assuré qu’il ne prendra pas froid.
Avec la méthode autoritaire…

Le père : « Matthieu, tu n’as pas mis ton blouson. Il fait froid et je ne veux pas que tu sortes sans être couvert ».

Matthieu : « Pas question de porter ce blouson ! »

Le père : « Pas question de te laisser sortir sans. Tant que tu vivras sous mon toit, tu feras ce que je te demande. Tu mets ton blouson et tu ne discutes pas ! »

Matthieu se résigne à prendre son blouson … et part en claquant la porte.
L’utilisation du pouvoir ou de l’autorité (ou plutôt dans ce cas, de l’autoritarisme) présente un avantage pour le parent : il obtient immédiatement ce qu’il souhaite. En apparence, dans cette situation c’est le parent qui gagne (qui décide) et l’enfant qui perd (qui obéit). Cette méthode présente aussi un certain nombre d’inconvénients :

  • Matthieu quitte la maison en claquant la porte, plein de rancœur envers son père. La relation est tendue.
  • Rien n’assure au père que Matthieu gardera son blouson sur lui une fois arrivé au collège. Le père est-il vraiment sûr d’obtenir ce qu’il souhaite?
  • Le père peut s’en vouloir d’avoir imposé son choix à son fils et regretter de s’être emporté.

Avec la méthode permissive…

Le père : « Matthieu, tu n’as pas mis ton blouson. Il fait froid et je ne veux pas que tu sortes sans être couvert ».

Matthieu :  » Pas question de mettre ce blouson ! »

Le père : « Tu vas prendre froid. J’aimerais vraiment que tu te couvres… »

Matthieu : « Pas question, il est trop nul ce blouson et puis j’ai pas froid ! »

Le père : « Bon, fais comme tu veux… »

Ici c’est le parent qui se résigne à laisser sortir son enfant sans blouson alors qu’il se fait du souci pour son confort et surtout pour sa santé. Il laisse l’enfant choisir mais n’est pas satisfait de la situation (il est inquiet et peut avoir du ressentiment vis-à-vis de son fils car sa demande n’a été ni entendue ni respectée). Ici, c’est donc le parent qui perd (il se résigne) et l’enfant qui gagne (c’est lui qui décide).

Dans ces deux cas, nous avons un gagnant et un perdant et par conséquent une relation basée sur un jeu de pouvoir. Dans toute relation, l’utilisation du pouvoir mène immanquablement à des tensions (colère, désir de vengeance, sentiment d’impuissance, de dévalorisation de soi, de rancœur, de tristesse, etc.) et parfois même à une rupture totale de la communication et donc de la relation.

Les conflits quant à eux sont inévitables et même souhaitables car ils nous permettent de faire évoluer la relation en réajustant nos comportements. Le conflit est sain en lui-même. C’est la façon dont nous le gérons, tantôt en imposant notre solution, tantôt en se soumettant à celle de l’autre, qui peut poser problème…

Même situation avec la méthode sans perdant…

Le père : « Matthieu, tu n’as pas mis ton blouson. Il fait froid et je ne veux pas que tu sortes sans être couvert ».

Matthieu : « Pas question de porter ce blouson ! »

Le père : « Il y a quelque chose qui ne va pas avec ce blouson … »

Matthieu : « Bah oui, il est ringard ! »

Le père : « Il ne te plait plus »

Matthieu : « C’est clair ! »

Silence…

Matthieu : « En plus les autres se moquent de moi quand je le mets…ça craint… »

Le père : « Humm je vois, tu n’aimes pas que les autres se moquent de toi… ».

Matthieu acquiesce.

Le père : « Donc, si je comprends bien, tu ne veux pas mettre ce blouson que tu trouves ringard et qui t’attire les moqueries de tes copains. Et de mon côté, j’aimerais être sûr que tu sortes bien couvert pour ne pas prendre froid. Est-ce que tu serais d’accord pour qu’on cherche une solution ensemble ? »

Matthieu : « Ok ! Je pourrais par exemple mettre mon sweat bleu. Je l’adore celui-là ! En plus il est très chaud… »

… et le dialogue se poursuit ainsi jusqu’à ce que Matthieu et son père aient trouvé une solution qui les satisfasse tous les deux.

A partir du moment où le père et son fils ont pu dire leurs besoins et être entendus, ils peuvent cheminer ensemble vers une solution mutuellement acceptable. Solution qu’ils n’auraient probablement pas imaginée s’ils n’avaient pas pris le temps de s’écouter !

C’est en écoutant son fils tout en affirmant son propre besoin que ce père a pu dérouler les différentes étapes du processus de résolution de conflit sans perdant.

Résoudre les conflits sans perdant constitue une troisième voie possible, une alternative aux méthodes autoritaires/autoritaristes ou permissives.

C’est une démarche qui requiert l’utilisation de l’écoute active et du « message-je».

Le « message-je »

Premier pilier de la méthode Gordon, le « message-je » permet de s’affirmer de manière respectueuse (de soi-même et des autres)… et efficace. Il se définit par opposition au « message-tu ».
En effet, lorsque notre enfant dit ou fait quelque chose qui provoque en nous des sentiments tels que la colère, la peur, la honte, … sous le coup de l’émotion nous sommes souvent tentés de lui adresser un « message-tu » : ex : « tu es méchant, tu es vraiment irresponsable, tu ne m’écoutes jamais, tu es égoïste …  » Ces messages comportent des jugements que l’enfant peut recevoir comme un blâme, un reproche et un manque de confiance en lui. Blessé par ces messages accusateurs, il a de grandes chances de se défendre en nous accusant à son tour (« ce n’est même pas vrai », « toi aussi tu es méchant(e)! »), en se repliant sur lui-même ou en ignorant notre message. Quoiqu’il en soit, il y a peu de chances qu’il ait envie de tenir compte de notre remarque et de modifier de bon cœur son comportement ! Répétés, ces messages peuvent avoir des conséquences néfastes sur l’estime de soi de notre enfant et sur la qualité de notre relation.

Comment alors trouver les mots pour s’affirmer tout en préservant et même en renforçant le lien qui nous unit à notre enfant ?

En disant « je » plutôt que « tu », c’est-à-dire en parlant de soi, de ce qui nous gêne dans le comportement de l’enfant, le plus concrètement et le plus clairement possible (sans jugement, critique, accusation, ou menace de notre part).

Exemple : Mon enfant parle fort pendant que j’écoute les informations.

Message-tu : « Tu es vraiment pénible et tu n’as aucune considération pour les autres! »

Message-je :  » Je suis agacée (ressenti) quand tu parles si fort pendant que j’écoute les nouvelles (comportement), je n’arrive pas à entendre ! (effet concret) »

En décrivant le comportement qui nous gêne, ce que l’on ressent face à ce comportement et l’effet concret qu’il a sur nous, nous délivrons un message clair, crédible et authentique. Nous nous adressons à ce qu’il y a de meilleur chez notre enfant : sa sensibilité, son sens des responsabilités, son intelligence et sa capacité à prendre notre bien-être en considération.

Pourquoi les « messages-tu » sont-ils alors si courants ?

Parce que ce type de message nous vient plus facilement. Comme ils n’exigent aucune conscience de soi, ils sortent de notre bouche sans difficulté, plaçant la responsabilité de nos sentiments sur les autres.

En outre, les « messages-tu » :

  • véhiculent un manque de respect pour les besoins de l’autre personne
  • font que les enfants se sentent coupables, rabaissés, critiqués, blessés
  • peuvent inciter l’enfant à se venger et à nous rabaisser
  • entrainent des querelles destructrices ou un échange d’injures

(Extrait du livre « éduquer sans punir » de Thomas Gordon – Marabout)

A l’inverse d’un « message-tu » qui peut générer de la rancœur et de la résistance, la force d’un « message-je » clair et sincère est de susciter des réactions positives chez les enfants en leur donnant notamment la possibilité de prendre une initiative et de modifier leur comportement par considération pour nos besoins.

Savoir dire ce qui nous gêne (et même ce qui nous réjouit !), exprimer nos émotions, identifier et dire nos besoins, en d’autres termes, oser nous affirmer tout en préservant et en enrichissant nos relations est un savoir être qui s’apprend et qui se cultive tout ou long de notre vie…

L’écoute active

Second pilier de la méthode Gordon, l’écoute active est un moyen puissant  pour aider notre enfant à exprimer ses contrariétés et à résoudre ses problèmes (dispute avec un ami, déception amoureuse, tensions à l’école, etc.)
Plus qu’une écoute silencieuse, l’écoute active consiste à accompagner l’enfant dans la recherche de ses propres solutions…

Comment ?

  • En reformulant ce qu’il dit
  • En accueillant et en l’aidant à nommer ses émotions
  • En l’aidant à définir ses besoins

Exemple : En rentrant du collège, mon enfant m’annonce :  » J’ai eu une mauvaise note en maths (il baisse les yeux). J’étais pourtant convaincu d’avoir réussi cet examen. J’avais tellement travaillé ! »

– Réponse « sans écoute » :  » C’est pas grave. Tu réussiras mieux la prochaine fois. »

L’enfant ne se sent ni écouté ni compris. Il soupire, se détourne et s’en va dans sa chambre… le dialogue s’interrompt.

– Réponse « écoute active » : « tu es vraiment déçu de tes résultats, après tous les efforts que tu as faits… »

– l’enfant : « Oui ! C’est le moins qu’on puisse dire ! Je m’étais tellement préparé… »

– (écoute silencieuse avec un signe de tête encourageant l’enfant à continuer)

… et le dialogue se poursuit jusqu’à ce que l’enfant se sente soulagé du poids de ce qu’il ressent (déception, tristesse, frustration) et disposé à reprendre confiance en lui. Ainsi libéré du sentiment qui lui pesait, il pourra se raisonner de lui-même et parvenir à sa propre solution. C’est en reformulant et en mettant des mots sur les sentiments exprimés que nous permettons à l’enfant de cheminer à son rythme vers une solution qui le satisfait.

Dès lors qu’il se sent écouté, compris et accepté, l’enfant peut trouver les ressources en lui pour surmonter son malaise et parvenir de lui-même à résoudre son problème.

Plus nous sommes capables d’écouter notre enfant avec respect et empathie et plus il sera disposé à nous écouter et à nous respecter en retour.

Tout comme le « message-je », l’écoute active est avant tout un savoir-être qui s’apprend et qui nécessite de l’entrainement !

Jean-Pierre Vandeuren

2 réflexions au sujet de « Spinoza et Thomas Gordon (la méthode Gordon) (1) »

  1. Beau résumé de la méthode. J’attends avec impatience le parallèle avec Spinoza.

    Par contre, je reste toujours sur ma faim pour savoir à partir de quel âge cette méthode est praticable. En effet, dans les exemples repris (et également dans l’ouvrage de Thomas Gordon), il s’agit presqu’exclusivement d’adolescents. Quid des enfants plus jeunes (moins de 6 ans pour se donner une limite)? Peut-on pratiquer cette méthode avec des enfants ne maîtrisant pas encore le langage?

    Pour avoir une approche plus constructive, partons du postulat que cette méthode peut être appliquée, mais alors, quels doivent être les aménagements pour la rendre efficace?

    Pour être encore plus complet, je pense que la partie message-je est de toute façon applicable dès le début, car elle ne nécessite pas d’échange. Par contre, la partie écoute active nécessite une capacité de discussion et de négociation de la part de l’enfant, et cette capacité n’est pas présente dès le début.

    **

    Dans un autre registre, il est toujours bon de se rappeler que « Les conflits quant à eux sont inévitables et même souhaitables car ils nous permettent de faire évoluer la relation en réajustant nos comportements ».

    1. Le but de l’article n’est pas de proposer une application de la méthode Gordon, ni non plus d’effectuer un « parallèle » avec Spinoza, mais de jeter un regard spinoziste sur cette méthode, comme sur tous les sujets que nous envisageons, la finalité de ce blog étant de tracer « des chemins spinozistes pour parcourir le monde ».
      A ce titre cependant ta question est doublement intéressante car, d’abord, elle montre les limites d’une « méthode » sans fondement suffisant (si la description de la méthode ne fournit pas la recette applicable dans une situation particulière, comment être sûr que la solution qu’on y apportera répondra à son essence puisque cette dernière n’est pas mise en évidence ?), et, ensuite, notre éclairage par les causes permet justement d’en imaginer une solution cohérente avec son esprit.
      Tu te demandes quels aménagements adopter pour rendre la méthode « efficace » dans le cas des enfants en bas âge. Que signifie cette « efficacité » ? La méthode a pour but d’améliorer les relations parents/enfants, afin que chacune des parties y trouve de la joie. Nous pensons donc que cette méthode sera efficace si elle favorise cette joie, donc l’augmentation de puissance, à la fois des parents et de l’enfant. Le parent aura la joie de se sentir un « bon » parent en constatant l’épanouissement harmonieux de son enfant et celui-ci sentant ses désirs de reconnaissance satisfaits jouira de sa propre affirmation et sera donc aussi joyeux.
      La méthode Gordon, comme montré dans la seconde partie de l’article, est une modalité de l’attitude active qu’est la Générosité («le Désir par lequel chacun s’efforce, d’après le seul commandement de la Raison, d’aider les autres hommes et de se lier avec eux d’amitié. »). C’est donc un Désir actif car basé sur la Raison. Il connaît les causes véritables des mauvais modes de communication (voir ledit article) et, en particulier, les causes intrapsychiques qui résultent du mécanisme de la « fausse motivation », elle-même engendrée par une exaltation de l’estime que l’on se porte (orgueil ou dépréciation de soi). L’idée adéquate qui sous-tend la méthode est donc de un décentrement du centre d’intérêt du parent de lui-même vers l’enfant. Il en résulte une attitude d’attention active, plutôt que d’ « écoute » active. Le langage n’y est donc qu’une des modalités de la communication, la principale bien sûr lorsque l’enfant l’a suffisamment acquis (ce qui, à notre avis, est déjà effectif vers les trois ans, trois ans et demi). Un bébé ne peut pas encore utiliser les messages véhiculés par le langage, mais l’attention active de ses parents à ses réactions corporelles suffisent à le mettre en joie, à favoriser son augmentation de puissance d’être et d’agir.
      En ce qui concerne les conflits, c’est parce que tu te situes dans une optique de vécu sous le régime des passions (qui, nous l’admettons, est le régime courant, mais pas l’ unique) que tu les juges inévitables et même souhaitables. En effet, être en conflit, c’est être en désaccord, en opposition et «En tant que les hommes sont dominés par des sentiments qui sont des passions, ils peuvent s’opposer les uns aux autres » (Ethique, quatrième partie, proposition 34), mais «Dans la seule mesure où les hommes vivent sous la conduite de la raison, ils s’accordent toujours nécessairement par nature » (Idem, proposition 35). Les conflits ne sont inévitables que sous le régime passionnel. Il est vrai que nous vivons principalement sous ce régime, mais c’est uniquement pour cela que nous croyons en leur nécessité, à la fois ontologique (ils seraient inévitables) et téléologique (ils auraient une finalité (nous faire progresser dans la relation) et seraient donc souhaitables). C’est donc une erreur, c’est-à-dire une connaissance confuse et partielle.

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